Il Tiepolo

San Francesco riceve le stigmate (1767-1769) - Olio su tela ; 278 x 153 - Madrid, Prado

Néanmoins, à la même période, la peinture vénitienne connaît un succès certain dans l’ensemble de l’Europe où elle répond au goût rococo alors en vogue. Enfin, un artiste comme Giovanni Battista Piazzetta (1683- 1754), en assimilant le clair- obscur caravagesque, introduit une dimension nouvelle, réaliste et théâtrale, dans la représentation de pastorales dont s’inspira Tiepolo. Ce dernier conforte sa réputation, dans un premier temps, dans le domaine de l’art décoratif. Il répond aux commandes de riches familles vénitiennes, et ses fresques ornent les murs et les plafonds de palais du Grand Canal, tels le palais Labia ou la Ca’Rezzonico.

Cependant, la variété de son
¦uvre, qui comprend aussi des retables, des
¦uvres sacrés, et des peintures de
salon, est significative des recherches qu’il
n’a cessé de mener sur son travail et qui
ont engendré un style entre tradition et
innovation.

En effet, l’art du Tiepolo relève
d’une observation subtile de la nature qui
touche au réalisme, sans pour autant
sacrifier à la technique du trompe-
l’¦il ( cf. les anges de la Chapelle du St
Sacrement du Dôme à Udine) que
vient enrichir un usage savant et nuancé
des couleurs. On retiendra enfin l’association
que Tiepolo fait de tons pastels avec d’amples
et harmonieuses compositions.

Cette stylisation excessive sacrifie à
la passion qui fait défaut dans beaucoup
des ¦uvres de Tiepolo ; d’autant plus que
les figures qui les animent, réduits
à une petitesse propre au rococo,
semblent ne pas participer de l’histoire
représentée, au contraire de
l’emphase et de la vigueur
caractéristiques des compositions du
XVIème siècle. Il est donc facile
d’y voir, plus généralement, le
sentiment " fin de siècle " qui
affecte l’école de peinture
vénitienne de l’époque.

La salita al calvario (1737- 1739) - Olio su tela ; 450 x 517 - Venezia, Chiesa di Sant’Alvise

Tiepolo reste néanmoins le
maître incontesté en matière
de représentation réaliste,
minutieuse et délicate de paysages (La
Fuite en Egypte), dont il fait une
esthétique nouvelle à Venise,
ouvrant la porte à la création des
décennies successives, puisque celle- ci
sera essentiellement constituée de ces
vues de Venise par lesquelles s’est
révélé Caneletto ; ce
dernier ne manquant pas de perpétuer le
goût pour la lumière et les pastels
chers à Tiepolo.

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